R.P. Eden Mortis et Jenifael Taboura

La jeune servante déglutit de façon brusque lorsque la voie du prince, retentit par de-là la porte de la chambre…

Elle aurait voulut partir en courant, mais au même moment, une servante presque aussi tremblante qu’elle ouvrit la porte, puis se fut le prince qui s’approcha…

Son cœur se serra à l’idée d’entrer dans la chambre, mais Jeni n’avait pas le choix et aussitôt fait Astride referma derrière elle, pour ensuite aller se cacher au fond de la pièce ce qui était guère encourageant aux yeux de Jeni…

L’apprentie resta près de la porte et se prosterna devant le prince qui s’approchait d’elle...On pouvait sentir son air malicieux et sale…Tel une bête féroce qui capte sa proie pour mieux la savourer…

Jenifaël aurait eu le goût de hurler mais elle eut une pensée pour Eden, qui lui, avait confiance en elle et lui avait dit qu’il serait là si quelque chose arrivait…

-Oui…prince…votre sœur est réveillée et c’est pour cela que je viens de cogner a votre chambre…*la jeune se contrôlait le mieux qu’elle pouvait pour ne pas lui montrer qu’au fond elle était effrayée…

Elle empoigna doucement la main du prince puis continua de parler…

- Il est vrai qu’elle se porte beaucoup mieux mais elle a encore grand besoin que je m’occupe de ses blessures…

C’est pour cela aussi que je ne peux rester longtemps. Et je ne voulais pas non plus vous dérangez, car à ce que je vois vous étiez entrain de vous changer…

*Jeni osa à peine le regarder dans les yeux mais il le fallait afin de ne pas trop montrer son effroi face a cet homme…

Et elle espérait de tout cœur qu’il la libère rapidement, afin de pouvoir retourner à la chambre de la princesse…

Karélian eut un sourire satisfait en sachant que sa soeur était enfin réveillée, il observait la servante avec intérêt pour ses rondeurs!

Dès qu'elle saisit sa main, l'homme s'empressa de la tirer vers lui.

- Quelle bonne nouvelle...Je n'ai donc plus de soucis à me faire pour elle...Isalia est forte, elle s'en remettra...Je vais lui rendre visite plus tard. Elle a la chance de vous avoir à son chevet...

Dit-il avec confiance et conviction, toujours aussi sur de ses dires, son regard devenait de plus en plus malsaint comme sa fausse expression de rigolade.

- Je dois avouer qu'elle a toute une chance de t'avoir...

Dit-il d'une voix plus rauque et basse tel un murmure malsaint. Elle put sentir une énergie et une chaleur émaner de la paume de Karélian.

- Tu as vu juste...j'étais effectivement en train de me changer...Tu pourrais terminer la tâche...Astride devait quitter de toute manière...

Son ton était insistant tout comme sa poigne de fer sur celle frêle de la servante. Karélian fit comprendre d'un simple haussement de sourcils que son esclave pouvait bien disparaître si ça lui chantait!

Astride ne se fit pas prier pour rester une minute de plus dans cet enfer, elle fila rapidement vers la porte en disant, la tête basse:

- Oui, Prince...

Puis elle s'éclipsa comme une ombre car c'est ce qu'elle était devenue, une chose qu'on retient par tout les moyens par obligation...

Karélian agrandit son sourire le plus sécurisant.

- Tu sais que tu as de jolie yeux...Quel est ton prénom déjà?

Tenta-t-il de l'amadouer alors que les muscles de ses bras étaient contractés et que l'énergie devenait de plus en plus impressionnante. Sa chevelure brune et légèrement bouclée serpentait jusqu'à son torse musclé et mit en évidence par des colliers tribaux.

***

Kalia tentait en vain de calmer la douleur physique qui l'habitait mais les gémissements ne cessaient de la seccouer...Eden prenait soin d'elle alors que désespérément elle aurait voulu en mourir pour que la douleur cesse, pour que sa peine morale arrête. Au moins Isalia, son amour était encore en vie...Elle aurait été prête à tout prendre les blâmes sur elle pour la laisser sauve...Elle aurait tout fait pour son bonheur...pour la rendre heureuse un tant soit peu dans cette prison sombre. Son regard se posa sur Isalia qui lui caressait doucement les cheveux pour la calmer, elle l'apaisait peu à peu et finit par se rendormir paisiblement...

Eden s'occupa de consoler Isalia qui ne semblait pas accepter la situation, la vengeance de sa mère était inhumaine et elle commençait à parler en mal de elle...

La servante fut entrainée d’une façon assez brusque vers lui mais, elle n’en fit aucun cas. Il était vrai qu’Isalia avait de la chance de l’avoir, car Jeni serait toujours fidèle à celle-ci.

- Oui, il est vrai que je suis fidèle à la princesse. Pour moi, elle est une source grandissante de force et je l’admire dans toutes les épreuves qu’elle a dut passer…*

Jeni le sentait de plus en plus envahissant et cela elle détestait, comme s’il cherchait sans cesse de prendre le dessus et de la mettre à ses pieds…

De plus, il ne se lassait pas de la regarder comme si il la désirait et ne pouvait que la convaincre par des mots…

Juste a y penser, elle en avait des sueurs froides dans le dos…Sa main qui était encore sur la sienne ressentait tout son pouvoir de part une chaleur intense qui s’en dégageait…

Elle faillit s’étouffer avec sa salive lorsqu’il donna congé à Astride et qu’elle su que c’est elle qui devait finir de l’habiller…

Aussitôt dit, que l’on ne voyait plus la servante du prince, telle une ombre, elle s’était éclipsée en voyant la lumière de ses paroles…

Jeni le regarda de nouveau puis lui dit d’un ton très calme et doux en continuant la tâche d’Astride qui était de l’habiller…

- Mon nom est Jenifaël, Sir et merci pour le compliment…Mais comme je vous l’ai dit je ne peux m’absenter très longtemps, car votre sœur a encore besoin de mes soins…*

Chercha-t-elle a lui dire, subtilement voulant à tout prix partir de cet endroit noir et sans éclat…Espérant juste revoir Eden et Isalia…

En réalité il se foutait bien de ce qu'elle pouvait répondre ce n'était qu'un prétexte pour l'observer de plus près et peut-être tenter de l'approcher avec un peu plus de délicatesse...Il faut dire qu'il ne portait en lui aucune marque de délicatesse et surtout envers les femmes, ce n'est qu'une lourde ruse...

À sa dernière parole, il sut qu'elle ne voulait pas s'éterniser dans ses appartements en prétendant qu'Isalia avait encore besoin d'elle...Pourtant il savait pertinément qu'elle n'était pas seule en ce moment précis...

- Eden est capable de s'occuper de notre soeur sans vous...Vous la servez...Vous êtes sous notre toi Jenifaël...Et cela implique que tu dois me servir aussi si je le désire...Et c'est ce que je désire...

Dit-il sur ton très calme lui aussi, il ne se lassait pas d'observer ses yeux et plus il la regardait plus elle ressentait une chaleur étouffante entourer son corps, cette chaleur avait pour effet de l'attirer vers lui...de la charmer...

- Vous avez de si joli cheveux...

Dit-il alors que sa main caressa sa tête lentement pour descendre vers sa joue et son menton, remontant son visage pour mieux se délecter de ses traits.

- Tu n'as pas à avoir peur de moi...

Sussura-t-il tout bas alors qu'elle put percevoir un sourire malin se dessiner sur ses lèvres...Son regard était de plus en plus intense...

Jeni eut a peine le temps de revêtir le prince de sa tunique, qu'il la glaça de ses premières paroles... Terrifié elle dût avouer ces dires..."je ne suis qu'une servante, et...et... je me dois, de me mettre au service de toute la cours. Malgré le fait que je suis assigné sous la tutelle de la princesse..." C'est alors que sa gorge se resserra, l'air passait difficilement par son nez se qui l'obligea a entrouvrir la bouche. Sa poitrine cherchant a se soulevé davantage en essayant vainement de lui donner l'air dont elle avait tant besoin. Cet homme l'oppressait au plus haut point... Ses entrailles se crispèrent a un tel point que tout son corps se raidit... Son regard apeuré ne put s'empêcher de fixé le sol dur et noir de la chambre en déviant celui de Karel...

-...oui...sir...* finit-elle par dire, des mots qui se collaient a sa bouche ne voulant aucunement s'exprimer... Il l'observait constamment, l'intimidant de plus en plus...Elle avait juste le goût de pleuré toute son angoisse, l'étreinte d'Isalia lui manquait déjà l'assurance qu'elle pouvait avoir avec elle semblait a des miliers de lieux d'où son corps se tenait... Jeni maintenant complètement mortifié par l'homme devant-elle ressentit une soudaine chaleur intense, suffocante qui l'entourait totalement...Elle se sentie attiré de force vers lui s'en comprendre se qu'il se passait... Il présenta un air charmeur allant bientôt la complimenter de sa longue et soyeuse chevelure couleur ébène... Sentant, la main du prince, entrer en contact avec de fines mèches tout près de ses oreilles en les tirant délicatement. Le cœur de la demie se mit a battre la chamade son échine se raidissant au mouvement qu'avait engendré le prince aîné. On pouvait apercevoir le pouls de sa nervosité a travers ses trapèzes qui se tendirent difficilement... Son regard était momifié aux sien ne pouvant plus s'en détacher... Revenant ainsi souligné des ces doigts les traits de son visage qu'il allongea afin de mieux la regarder...

"Que me veut-il? Pourquoi ne me laissez-vous pas m'en aller? J'ai fait se que vous m'aviez demandé, que voulez-vous de plus?" On pouvait admirer la panique qui emplissait ses yeux teintés bleu-gris. Tel une journée de printemps où le soleil cherche a se faire un chemin afin de ramener toute choses a la vie cruellement prise par l'hiver... La servante déglutie difficilement lorsqu'il lui dit qu'elle ne devait pas avoir peur de lui... Son visage affichant une moue réjouit et pleine de malice... Son regard devenait si intense qu'elle crut devenir transparente a par entière... Elle envala une seconde fois sa salive car sa bouche étant devenu aussi austère qu'une rivière sans eau...

-...merci...prince....mais...J'ai fait se que vous m'aviez demandé puis-je disposer maintenant?* se reprit-elle en bégayant, ignorant les avances sordides de Karélian, repensant a Eden qui lui avait dit de rester forte et de faire face a sa peur... A la pensé du jeune prince une petite lueur apparut dans ses yeux laissant voir le peut de courage qu'elle portait en elle...

La voir frémir de peut lui procura une agréable sensation, celle du pouvoir qu'il dégageait. Son affirmation quoi que simplement polie, le fit relever la tête fièrement. Elle quitta son regard comme toutes les femmes savaient le faire...toutes expertes dans l'art de la fuite, redoutant par dessus tout l'affrontement. Tout compte fait il ne respectait que deux femmes dans sa vie, sa mère et sa soeur Isalia. Le reste de la gente féminine lui inspirait toujours d'étranges sentiments et leurs fuites stimulaient toujours son imaginaire un peu détraqué.

Son regard plongea dans le sien et s'en était fait, il contempla ses iris bleutées. Il en ressentit un vif intérêt puis elle le remercia de ce compliment tentant rapidement d'esquiver la situation. Le prince bomba vivement le torse d'irritation sous ce désir de le fuir aussi subitement. Ne pouvait-elle pas simplement apprécier sa compagnie? Il fit tranquillement descendre sa main qui lui caressait plus tôt le visage, pour la poser pesante sur son épaule gauche. Elle put alors ressentir la chaleur impressionnante qui s'en dégageait maintenant encore plus intense que son contact précédent. Son regard se fit inquisiteur, sa fausse délicatesse s'envola rapidement, dévoilant la noirceur de ses intentions. Il remarqua que ses cheveux étaient tous enfouis sous le vêtement qu'elle venait de lui revêtir. Sa voix s'éleva, droite et convaincante en gardant étrangement un calme contrastant avec l'emportement de son corps tout entier.

- Replace mes cheveux....ils me gênent...

Mon regard est si réprimant qu'elle aurait pu croire qu'il s’apprêtait à lui cracher au visage, son intervention verbale presque contenue d'une immense rage qui grondait et prenait une place importante. Il se retenait oh ça oui, car il savait pertinemment que s'il faisait du mal à cette servante, elle irait surement tout bavasser à Isalia et il en entendrait parler longtemps et pour l'instant il l savait souffrante, il décida de jouer la carte de la première chance. Il serait indulgent avec elle, pour cette fois...

Soudainement, il ferma les yeux en respirant profondément, instantanément Jenifaël put sentir la chaleur s'estomper rapidement, se contrôlant progressivement pour devenir un moins intense, il lâcha ensuite son épaule, dans ce geste il se força à rester délicat, mais il serrait les dents, contenant mal sa fureur momentanée. Il laisse ses yeux fermés et attend avec impatience que les mains frêles de la servante s'exécutent...Sa respiration profonde et calmée donnait presque l'impression d'être calme alors qu'intérieurement il fulminait, il laisserait ce serpent lui filer entre les doigts. Malgré la peur qu'il pouvait dégager, elle pouvait tout de même ressentir une sorte d'attirance inexplicable comme un oiseau aurait pu être attiré par le miroitement d'un objet métallique...

La main du prince descendit de son visage terrifié d'être touché par cette sensation de lourde chaleur pesant maintenant sur sa frêle épaule gauche... L'homme qui cachait mal sa fausse douceur se trahit par un regard prédateur envers la demie, qui hurlait intérieurement de panique, qu'il lui causait sans cesse... Ses intentions impures la fit frissonnée légèrement, elle avait l'impression de lire dans un livre qu'elle n'aurait jamais du ouvrir... Son corps sursauta la faisant sortir de sa torpeur en entendant sa voie retentir de nouveau a ses oreilles dissimulé sous ses doux cheveux qui cascadaient jusqu'au milieu de son dos...

Lui demandant de replacer sa chevelure qui s'était prise sous la tunique pendant qu'elle l'avait revêtit... La demie devint tremblante a cette voie qui retentissait toujours dans son esprit crachant sa rage de mécontentement... Il se faisait violence dans ses dires agressif de pouvoir... Son regard se referma lorsqu'il prit une grande respiration, immédiatement la pesanteur qu'elle ressentait disparu presque complètement et relâchant ainsi son épaule... " Qu'elle genre de magie cet homme est-il capable de faire? C'est terrifiant..." pensa-t-elle levant avec incertitude...

- ...oui..Sir...*...ses mains allant vers le cou du prince où se cachait cette chevelure tendues par le tissu qui la retenait... Il garda ces yeux clos attendant impatiemment qu'elle exécute sa tâche... Ses jambes se rapprochèrent de lui inexplicablement, réduisant la distance qui les séparaient de ses bras fragiles... Ses doigts sortir les mèches une a une délicatement pour ne pas le blesser et être obligé de subir sa fureur qui bouillonnait en son âme empli de noirceur le grugeant d'une haine palpable... Comment une personne pouvait dégager autant de colère et de méchanceté...

L'esclave pensa a leur mère qui était tellement horrifiante, pas étonnant que ses enfants le soit aussi... Quel autre modèle peut-on représenter quand on a connu que l'original... Jeni était encore chanceuse de connaître Eden et Isalia qui malgré toute ces vengeance dégageaient encore une certaine bonté qu'elle leur respectait profondément...

Elle s’exécuta comme prévu et il arbora un léger sourire satisfaisant en prenant une longue inspiration qui lui bomba le torse. Karélian ouvrit les yeux peu de temps après que le contact des mains de Jenifaël se soit initié, il l’observa sans rien dire, un air assez neutre étrangement, il avait un peu calmé son agressivité se disant qu’il se reprendrait bien quand il en aurait à nouveau l’occasion…
Lorsqu’elle eu terminé sa tâche, il se résigna à la laisser partir.

- Allez….va prendre soin de ma sœur….dit lui que je passerais plus tard…j’ai des choses à faire avant…

Ses pensées s’étaient concentrées sur quelque chose de beaucoup plus important qu’une simple servante terrifiée, il pensait à sa mère qui se terrait probablement dans les bois en ce moment…Il serra la mâchoire visiblement irrité en fronçant les sourcils, posant un regard perçant vers la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la forêt d’Enigma. Il ramena ensuite son regard sur la servante, se doutant bien qu’elle ne se ferait pas prier pour quitter la pièce, il eu une expression étrange à ce moment là, comme s’il aurait aimé être regardé autrement que par des yeux terrifiés. Sa main se dirigea vers son cou, il tira lentement sur la corde à son cou pour en prendre la griffe de faucon de ses doigts, il la frotta de son index et son pouce d’un air pensif comme si l’inquiétude le gagnait. Il se rappelait en cet instant que c’était sa mère qui lui avait donné ce précieux collier qu’il n’enlevait jamais, même pas pour dormir ou se baigner. Isaldir lui avait remit lorsqu’il était encore adolescent et elle lui avait dit qu’il ne devait jamais l’enlever sous prétexte qu’il contenait une énergie particulière qui lui permettrait d’avoir une énergie de secours en cas de besoin. Il dévia lentement le regard de la servante en se rappelant l’état pitoyable de sa sœur, sachant très bien que sa mère avait exagéré, sous la frustration, il serra la griffe de toute sa paume et tira d’un mouvement sec, brisant la corde de cuir, son regard était stoïque comme si tout d’un coup il était aspiré par une pensée sombre…Il serra la mâchoire en fixant le vide devant lui, absorbé par ses pensées.

***
Isalia demanda a mangé et Eden alla faire préparer un repas et revient quelques temps plus tard, Kalia souffrait encore et Isalia tentait du mieux qu’elle pouvait de la réconforter, ayant enfin un moment d’intimité avec elle puisque son frère était partie chercher à manger, elle se rapprocha de Kalia qui restait couchée sur le ventre pour éviter plus d’inconfort, encore couchée Isalia rapprocha simplement son visage du sien et l’embrassa, tremblante d’émotion, elle ferma les yeux, sentir ses lèvres contre les siennes lui donnait une amer impression, celle d’être dans l’interdit et la faute…Mais, la chaleur de ce baisé la fit soupirer, des larmes coulèrent sourdement sur ses joues, Kalia répondit à son baiser faiblement puis inspira et ouvrit davantage la bouche pour l’embrasser avec plus de franchise.

- Je….je suis vivante…c’est ça l’important…je suis là pour toi…

Dit-elle avec émotion, sa voix tremblait légèrement. Isalia ferma les yeux lorsqu’elle entendit ses paroles même si elle savait que Kalia essayait de la réconforter, elle restait amèrement blessée par la situation. La princesse chercha rapidement la main de son amante et la serra fortement comme pour bien constater qu’elle était là, encore à côté d’elle après tant d’années d’absence.

- Je sais…je sais Kalia…

Elle ne put s’empêcher d’aller à nouveau lui saisir les lèvres même si Kalia aussi se mettait à pleurer. Elles s’embrassèrent avec une passion presque démesurée, comme si le fait de se retrouver et de constater qu’elles étaient encore toutes les deux vivantes était un véritable miracle et d’ailleurs s’en était peut-être réellement un?

Eden revient à la chambre très silencieusement, il les découvrit entrelacées et les yeux clos, il crut qu’elles c’étaient à nouveau endormi alors il déposa le plateau sur la table de chevet en se raclant la gorge un peu.

Isalia ouvrit les yeux en entendant son frère revenir dans la chambre, elle quitta lentement l’étreinte de son amante pour s’asseoir dans le lit, Eden apporta le plateau près d’elle et lui caressa la joue du revers de sa main droite, il lui sourit et elle lui renvoya son sourire, malgré qu’il était emplit d’une tristesse palpable. À son sourire, il fronça légèrement des sourcils en ramenant sa main vers lui, il prit place sur le lit en soupirant lourdement.

- Ne t’en fais pas…je vais m’assurer personnellement de tout ceci…Mère te doit des excuses…et à Kalia aussi…

Dit-il en posant son regard vers son amante quelques secondes, elle le regarda avec un air neutre, presque dans un état second, encore visiblement sous le choc de toutes ses émotions.

Isalia abaissa la tête, se concentrant sur son repas l’air renfrogné elle pigea dans l’assiette et prit une grappe de raisins et souffla durement sur un ton très clair et froid, ce qui était très rare pour sa part.

- Je ne veux plus en entendre parler Eden…Je suis lasse…

Eden baissa la tête à la parole dure de sa sœur, il se leva un peu maladroitement.

- Oui, mes excuses….je voulais seulement…t’assurer que je me charge de cette affaire…et que vous serrez vengés…

Il la regardait sérieusement, droit et déjà impliqué physiquement dans sa haine envers la situation.

Isalia leva la tête pour suivre son frère des yeux, elle repoussa la noirceur de ses pensées l’espace d’un instant et lui sourit pour lui faire comprendre qu’elle appréciait son dévouement.

- Je ne saurais comment te remercier…Je compte que sur toi pour arranger les choses…mais…c’est notre Mère et tu le sais…Elle reviendra au château tôt ou tard…d’ici là je dois vivre dans le plus grand calme veux-tu…

Elle tentait de lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas trop de remouds et sachant que son frère pouvait être très haineux, car il l’était déjà suffisamment envers son frère aîné, elle redoutait se qui allait se passer au retour de la Reine.

Il la considéra d’un drôle d’air comme s’il lui disait « Ne réalises-tu pas l’ampleur de sa méchanceté! » Il fronça les sourcils visiblement confus et laissa son regard dérivé vers le balcon, la nuit était encore jeune. Il ne quitta pas la forêt des yeux, plissant le regard comme s’il avait voulu en voir les profondeurs obscures.

- Bien…comme il te plaira, mais sache que je serais là pour te protéger…Quoi qu’il arrive…je serais là…

Isalia le regarda et son agissement lui fit comprendre qu’il le prenait mal, elle déglutit en affichant une moue légèrement déçue. Elle savait qu’il était absorbé par ses pensées et elle aurait donné cher pour savoir à quoi il pensait à ce moment là. Son silence lui donna le temps de remettre les yeux sur son repas, puis à ses paroles elle leva les yeux de nouveau sur son frère, comme naturellement elle lui sourit.

- Oui…j’en ai toujours eu la certitude Eden…

Il la regarda et à ses mots il abaissa timidement la tête quelques secondes. Il sembla se chercher quelque chose à faire, il voulait la laisser manger en paix, il décida donc de la quitter.

- Je vais te laisser quelques instants…prend le temps de bien manger…Karélian ne devrait pas tarder à venir te visiter de toute façon….

Juste prononcer son nom lui était presque insupportable, il afficha une moue haineuse en tournant la tête vers la porte, comme s’il se serait attendu à le voir entrer dans sa chambre à cet instant. Il s’approcha ensuite de nouveau du lit et lui baisa le front avec délicatesse en lui saisissant doucement sa nuque bordé de cheveux doré.

Elle lui saisit la main avec émotion lorsqu’il vient l’embrasser sur le front en lui tenant la nuque, elle ferma les yeux lentement en appréciant le moment de tendresse qu’il lui offrait, cela la réconfortait grandement, elle inspira longuement.

Il ne s’éternisa pas, malgré le fait qu’il laissa ses lèvres se presser contre le front brûlant de sa sœur au moins un bon 10 secondes. Il recula avec lenteur et s’éclipsa en lui offrant un dernier regard non pas dépourvu d’inquiétude.

Elle lui sourit avec douceur, puis se concentra sur son repas et donna aussi quelques vives à Kalia.

Eden referma la porte de la chambre de la princesse et commença à marcher dans le couloir, se dirigeant vers la chambre de son frère, espérant y croiser au passage Jenifaël…

A chaque mèche que j'enlevai ma gorge se resserrait, comme si quelqu'un me menaçait d'une lame tranchante... Il sembla fier de l'effet qu'il produisait sur moi complètement apeurée, son vile sourire démontrant cette satisfaction de dominer, m'obligeant a agir selon ces désirs incontestable... J'essayait de ne pas le regarder, son regard pesant sur mon être lourdement, de peur de recroiser ces iris probablement remplies d'idées malsaines...

Mes pupilles ne pouvant s'empêcher d'obsever quand même les siennes, étonnamment son air était impassible comme s'y cette ardeur de méchanceté s'amoindrissait de plus en plus... Je finis ma tâche avec délicatesse, affichant un petit sourire timide au prince qui m'accorda enfin le droit de partir, mon cœur espérant déguerpir au plus vite de cette chambre maudite...

Son esprit ne semblait pas présent, flottant autre par, je me demandais se qu'il pouvait bien le faire changer d'attitude aussi rapidement... Son expression facial changea d'un coup, je le vis se crisper et froncer les sourcils, tandis que je reculais tranquillement vers la porte de la pièce...

Son regard devenu absent se plongea par la fenêtre de ça chambre... Je pris d'une main encore tremblante la poignée de la porte que j'ouvris, mes iris se posant dans ces yeux qui me touchèrent de leurs expression quasi mélancolique, malgré ma terreur j'en fut touché...

-...Bonne soirée...prince...* Ne puis-je que lui répondre avant de partir rapidement jusqu'a la chambre d'Isalia d'un pas pressé, mes pensées perturbées par se dernier regard qu'il eut vers moi... Je me retournai la tête fixant l'endroit d'où je partais un moment, s'en prendre gare en ramenant ma tête je rentrai en contact avec Eden qui se dirigeait vers moi... Mes mains se posant sur son torse pour ne pas le blesser, mes paupières s'agrandissant d'un air surpris de le rencontrer sur mon chemin...

-...oh...je..je... pardonnez moi...ma maladresse...Sir...je ne vous avais pas vu...* Gêner et honteuse de cet accident, je soulève nerveusement mes mains, les plaçant devant moi, mon regard s'abaissant au sol, mes pas se tassant de coter pour le laisser passer respectueusement...
Avant que je puisse reprendre ma route vers la princesse que j'avais tellement envie de revoir, mes lèvres se croisant les unes contre les autres...

Alors que je m’éloignais de la chambre d’Isalia j’arrivais face à face avec Jenifaël, elle venait de me percuter, ses mains touchèrent mon torse puis elle recula les mains comme si mon habit était brûlant, elle avait le regard étrange qui me laissait sous entendre sa nervosité, je recule d’un pas en serrant les dents, elle s’excusa de m’avoir bousculé, mais elle était déjà pardonnée, je cherchais son regard pour m’assurer de son état. Mes mains puissantes viennent se poser sur ses épaules afin de la rassurer et surtout de savoir ce qui la rendait si maladroite. Mon regard reflétait l’inquiétude.

- A-t-il été déplacé envers toi Jeni? De par les Dieux dit le moi…

Mon ton était sérieux tout autant que mon expression, s’il lui avait fait mal je n’hésiterais pas à agir, il y avait ici décidément trop d’injustices et ça commençait à me rendre fou de rage! J’essayais de me faire le plus rassurant possible, mais je savais mes muscles tendus par la nervosité et la tension palpable que j’avais de la misère à avaler venant de ma sœur. Je voulais à tout prix rétablir un semblant d’ordre en ces lieux, mais aussi dans mon esprit, ma rage envers ma mère grondait au fond de moi comme une vieille blessure, n’y croyant pas encore. Comment avait-elle pu faire des actes aussi immondes et tout ça pour blesser Isalia davantage, sa propre fille? Allait-elle être aussi cruelle avec nous? Quand oserait-elle se pointer le bout du nez au château? Que se passerait-il alors? Regretterait-elle ses actions ou s’en féliciterait-elle? Perdu dans mes réflexions, je reviens à elle pour m’assurer de son état.

***

Karélian porte un furtif regard à la servant qui ne se fait pas prier pour quitter les lieux, il ramène alors son regard sur la nuit trop silencieuse, son collier toujours fermement tenu dans sa paume il finit par le jeter violemment contre le sol dans un éclat de rage, les dents serrées et le corps impétueusement contracté, son souffle est puissant et rauque, excédé et brutalement blessé par l’action de sa mère.

Il savait pertinemment ce qu’il lui restait à faire et il le ferait sans détour…Il savait de toute manière que le sommeil ne lui viendrait pas cette nuit, alors autant battre le fer pendant qu’il est encore chaud se dit-il. Il ne se fit pas prier et alla directement vers la porte pour en sortir promptement, avant qu’il n’avance un pas de plus il remarqua Jenifaël dans le corridor et son frère Eden, il le dévisagea quelques secondes avant de chercher une servante des yeux dans le corridor opposé. Il lui cria de venir dans ses appartements sur le champ, la femme qui marchait dos à lui se figea de tout son corps à l’appel rugissant du prince, elle se vouta davantage dans sa posture de soumission et fit volte face pour se diriger vers Karélian d’un pas hésitant. Une fois qu’elle fut là, il lui céda le passage avec une certaine rudesse comme si la colère continuait de fulminer à l’intérieur de lui…Le prince asséna un regard suspicieux à Eden et Jeni et ferma la porte derrière lui. Il lui ordonna ainsi de l’habiller pour sortir, même si une autre servante venait tout juste de le vêtir pour la nuit, il en était maintenant autrement. Il la pressait toujours davantage et elle eu tout de même le temps de voir que le collier du prince gisait au sol à son retour vers la garde robe, elle se pencha afin de le ramasser, il l’arrêta net dans son geste en disant qu’il y avait plus urgent, elle se dépêcha donc de le revêtir…

***

Je lève les yeux sur mon frère qui fit irruption dans le corridor, il semble pressé et agité ce qui n’augure rien de bon. Partagé entre mon envie d’aller le trouver pour savoir ce qu’il se passait et rassurer Jeni, ma poigne sur ses épaules se raffermît légèrement, je l’observais par-dessus son épaule. Il s’enferma rapidement avec la première servant qu’il vit et l’action attisa encore plus ma curiosité. Ma voix s’élève faiblement tel un murmure presqu’à moi-même.

- Mais qu’est ce qu’il fait…?

Mes sourcils se froncent d’incompréhension en regardant vers sa chambre, puis je reviens poser mon regard interrogateur dans ses yeux.

- Sais-tu ce qu’il prépare pour être aussi agité?

Que je demande rapidement, sachant qu’elle pouvait peut-être m’aider à comprendre ce qui se passait…

***

L’oiseau ténébreux survolait la forêt d’Énigma, ses battements d’ailes épuisés le faisant vaciller de temps à autre. Il se posa de façon maladroite au cœur d’un bosquet de rosiers sauvages. C’est alors qu’elle reprit sa forme humaine, son corps se meurtrissant contre les épines des rosiers, déchirant légèrement ses habits royaux et égratignant sa peau. Elle haletait très fort et sa chevelure se prenait dans les ronces, couchée à plat ventre et comme seul appui ses avant-bras contre le sol qui sentait la terre humide. Elle ferma les yeux afin de mieux reprendre son calme et son énergie. La pénombre ne tarderait pas à engloutir la totalité des bois…

Elle inspira profondément plusieurs fois avant d’ouvrir les yeux, plus déterminée que jamais, elle se fraya alors un chemin à travers les ronces, non pas sans pestiférer contre elle-même de ne pas avoir eu assez de force pour atterrir plus loin. Après savoir traînée dans la terre humide sa robe rouge foncé avait perdu son aspect royal et avec la pénombre ses cheveux cendrés avaient perdu leur éclat habituel. Elle se releva enfin en soupirant d’énervement, secouant comme elle put sa robe, ne semblait pas du tout incommodée par la saleté de la terre, mais le faisant simplement par principe. Se retrouvant maintenant face à la nature environnante peuplé de conifères à moitié morts et recouverts de mousse verte pâle. Le bruit du vent au travers des branches, les petits animaux se déplaçant rapidement au sol ou dans les arbres. Elle se mit alors à marcher au cœur de la forêt qui était sienne, revenir en ce lieu lui procurait une immense joie, mais aussi une inquiétude palpable, car cela faisait si longtemps, le peuple païen d’Énigma ne la reconnaîtrait peut-être même pas après toute ses années, respecteraient-ils encore son statue de Reine en ses lieux, elle en doutait fort. Elle connait ses bois par cœur et marche sans crainte dans le noir. Elle avait grandi en ses lieux…

Après quelques minutes, son corps se tend, elle tourne la tête vers la Cité Blanche, les dents serrées, le regard vif et pourtant luisant de larmes. Ses mains se recroquevillant pour les refermer complètement. Maintenant seule et face à elle-même à l’intérieur de ses bois qui s’assombrissaient de plus en plus, elle regrettait d’avoir agi avec autant d’impulsivité. Isaldir se laisse choir à genoux sur un tapis de lichen, ses mains saisissant maintenant les herbes humides devant elle, la tête rabattue vers sa poitrine elle cria et se mit alors à pleurer de rage et de désolation. Elle laisse place à ses sentiments que quelques minutes après quoi la froideur reprit la place en son cœur de pierre. Ce que sa fille avait fait était un outrage pour la chrétienté, elle devait la punir même si depuis toujours elle avait adoré des Dieux païens, si elle l’avait laissé faire, si on l’avait découvert autrement, que ce serait-il passé alors? Elle n’eu donc pas le choix d’agir de façon radicale…Elle avait fait ce qui devait être fait, mais maintenant elle redoutait la rébellion de ses fils. Ils étaient de son sang après tout, le sang d’une sorcière, leur vilainie grondait en eux pour bien des raisons et la magie qui les habitait était toujours là au creux de leurs cœurs. Pourtant, elle savait qu’elle n’avait pas à avoir peur d’eux…Elle resterait incontestablement la plus forte…

Elle essuie ses larmes d’un geste vif de colère et se relève afin de poursuivre sa marche vers la montagne. Elle sent leur présence rapidement, sent leurs fortes énergies, leurs murmures dans le vent, leurs cris. Isaldir fige ses mouvements et reste aux aguets, elle sait qui l’observe…Elle ouvre les bras vers le ciel les montant au niveau de ses hanches alors qu’une pluie se mit à déferler. Les yeux clos, elle ressent leurs énergies se rapprocher, elle ouvre les yeux et constate que six femmes l’entouraient de manière étroite. Cela faisait longtemps qu’elle ne les avait pas vu, la pâleur de leur peau la stupéfie, presque livide. Leurs chevelures toutes de différentes couleurs et coiffées laborieuses façons, décorées de fleurs, d’ossements et de branches. Leurs énergies fauves et bestiales, comme si elles étaient prêtes à bondir sur elle comme si elle avait été une simple proie. Leurs yeux pâles la fixant sans arrêt, leurs peaux couvertes par endroit de peintures décorant leurs flancs, leurs seins nus, leurs cuisses musclées et parfois même une bonne partie de leur visage rendant leurs regards encore plus perçants. Comme seul vêtement elles portent des pagnes de cuir bien tanné et souple et des fourrures complète de renard argenté et roux, de coyotes et de carcajou. Elles arborent des bijoux qui leur encerclent le cou, exposant plusieurs griffes d’animaux, leurs hanches lourdes de ceinture faite d’ossements, de cuir et de pierres précieuses, de jaspe, d’agate, d’améthyste et de turquoise. Leurs pieds nus et sales dont certaines paires ne semblent pas nécessairement appartenir à la race des humains, les Veelas étaient des êtres très près de la nature et pratiquant beaucoup de sorcellerie, certaines avaient réussis à fusionner assez avec la terre pour leur permettre des membres inférieurs d’oiseaux aux serres aiguisés ou des pattes de puma ou de loup aux griffes acérées.

Isaldir avait le pouvoir de se métamorphoser en corbeau ou en d’autres animaux si elle le voulait et ça venait de leurs magies, leur sang coulait dans ses veines et lui donnait de nombreux avantages et une puissance supérieure. Son cœur vibre comme s’il allait lui exploser dans la poitrine. Ses sœurs sont là et l’entourent! Elles ne semblent nullement incommodées par la pluie, elles la fixent de leurs yeux profonds et gorgés de savoir et d’un pouvoir puissant et féminin. La Reine s’agenouille avec respect en abaissant la tête avec révérence, portant ses bras loin devant elle. Une des six Veelas s’avance vers elle, ses cheveux bouclés avec opulence et teinté d’un brun roux, ses yeux bleus si pâles qu’ils tirent vers le blanc. Son visage peint couleur ocre de son front jusqu’à sous ses yeux, ses bras tout aussi décorés. Elle inspire longuement en observant ses sœurs, puis l’être qui venait de s’agenouiller devant elles. Elle étire bientôt son pied droit pour pousser sous l’épaule de la blonde, exerçant une pression vers le haut, alors que sa voix si caverneuse inspirant une telle puissance et prononcée dans un langage inconnu s’élève.

Isaldir tremble légèrement, fébrile, cela faisait tant d’années qu’elle ne les avait pas retrouvées, accepterait-elle encore sa présence au sein de leur groupe? Lorsque le pied de la Veelas se positionne sous son épaule elle frémit et encore plus lorsqu’elle entend sa voix dans ce langage qu’elle reconnaîtrait toujours, sa langue maternelle qui lui disait « Relève toi… ». Isaldir relève son regard bleu clair sur elle et reprend sa position debout lentement, les lèvres tremblantes d’émotions, une peur tambourinant son ventre. La Veelas lui dit de les suivre ce qu’elle fit sans la moindre hésitation, mais leur froideur avait de quoi lui glacer le sans et la garder sur le qui vive, elle connaissait leur nature sauvage et cruelle…

Cela faisait si longtemps, leur sauvagerie lui semblait si éloignée de ses coutumes royales, elle les observe, elles qui voyageaient dans les bois sans aucun bruits. La fascination et l’admiration la gagnait rapidement, mais surtout l’émouvait. Elle savait que les Veelas restaient des êtres imprévisibles et à la limite des prédatrices très dangereuses. Elle garde donc le silence, suivant la procession de la meute jusqu’à une grotte où un feu éclairait les lieux et était entretenu par d’autres femmes, certaine elle le sait étaient seulement des humaines et il y avait aussi deux jeunes adolescents tout de même bâtis, mais leurs corps portaient d’étranges marques de brûlures, des esclaves pensa la Reine. Sachant qu’elles avaient toujours été maîtresses des bois, tout ce qu’elles trouvaient et pouvaient s’avérer utile, elles prenaient. On leur cède la place autour du feu, elles s’approchent toutes des flammes pour sécher leurs habits et leurs cheveux mouillés par la pluie, elles s’assoient et la femme aux yeux pâles discuta avec Isaldir pour savoir la raison de sa venue parmi eux. Elle explique tout avec honnêteté, mais son interlocutrice reste silencieuse. La femme aux cheveux cendrés est bientôt gagnée par un malaise et c’est alors que deux femmes enfin plutôt ce qui semblait être des hybrides apparurent en courant à quatre pattes, leurs pattes félines et leurs queues bien réelles portant dans leurs gueules sanguinolentes des perdrix et autour de leurs cous des guirlandes de lièvres, canards…Leurs yeux jaunes perçants les alentours avec vivacité animale, leurs chevelures tenues courtes et s’agençant à leur fourrure dévoilent leurs dos nus, le reste de leur corps à la peau plus basané et impudique, elles terminent leurs courses debout sur leurs pattes de louves puissantes exhibant le devant de leurs corps aux seins nus, un léger duvet de poils blancs couvre leurs ventres plats et musculeux et leurs sexes. Des sons bestiaux s’échappent de leurs gueules, gloussant avec énervement. Elles déposent les animaux fraîchement tués sur de larges pierres plates marquées par le sang et les deux adolescents viennent à leur rencontre pour aller les chercher afin de les apprêter pour le repas. Cela fait, les êtres félins vont lentement près du feu, toujours debout et fières, puis s’assoient de manière plus animale, un peu en retrait du groupe, mais gardant leurs yeux lumineux et étincelants à la lueur du feu sur la nouvelle présence qui était près de la femme aux yeux pâles, leurs langues léchant leurs lèvres et montrant des crocs de prédateurs. Elles nettoient leurs gueules pleines de sang et leurs pattes. Isaldir est complètement stupéfaite de voir ses femmes mi-louves pénétrer dans l’antre avec des proies fraîchement mortes à leurs cous. Elle n’avait jamais vu de tel êtres, c’est là qu’elle comprit que leurs magies avaient considérablement évoluées depuis son absence.

Elles avaient donc maintenant le pouvoir de se métamorphoser partiellement en animaux gardant ainsi certaines caractéristiques humaines et pouvaient apparemment le rester de façon définitive. Elle ne peut s’empêcher de poser des questions à la femme aux cheveux bouclés, voulant assouvir la curiosité qui la tenaillait, mais elle restait silencieuse et méfiante.

Elles mangèrent toutes avec appétit la chair des perdrix et des lièvres, lorsqu’elle eu fini de manger la Reine se débarrassa de sa robe humide, libérant son corps de son poids, de toute façon ici cela importait peu, elle exhiba donc son corps naturellement, son corps qui était très beau et bien préservé malgré son âge. Elle reste debout sur les peaux d’ours environnantes autour du feu, les Veelas lui accordèrent quelques sourires mesquins, elle le prit comme un rite de passage…

Elles pouvaient d’ailleurs maintenant se compter par dizaines, plusieurs sortant d’endroits sombres de la grotte pour chercher de la viande qu’elles ramenaient capricieusement avec elles dans l’obscurité.

Soudainement, Isaldir se saisit la poitrine d’une main hoquetant de surprise, une vive douleur la secoua, puis elle ferme les yeux en se recroquevillant, une vision la frappe, voyant Karélian, son propre fils retiré son collier et le jeter à terre…Ses yeux se baignèrent de larmes et son corps se mit à frissonner, on venait de la trahir et c’était par son propre fils! Terrassée et horrifiée, elle finit par s’étaler sur le sol et les Veelas l’encerclèrent ressentant sa souffrance, sa vision brouillée par ses pleurs, elle laisse échapper des cris de colère, mais une fois tut elle put percevoir d’autres sons, les cris d’un homme effrayé, elle cherche d’où ils proviennent et lentement elle réussit à distinguer une femme louve qui est accroupie sur lui et semble le forcer à copuler avec elle en grondant. Une Veelas mit ses mains sur son corps et souffla des mots lugubres, Isaldir s’endormit instantanément…